L'église
La paroisse a été érigée canoniquement le 28 août 1829. L'année suivante, les paroissiens adressent une requête à Mgr. Bernard-Claude Panet, évêque de Québec, en vue d'obtenir la permission de construire une église. En 1836, après maints pourparlers, l'évêque accepte en recommandant cependant d'utiliser les services de l'architecte Thomas Baillairgé. Ce dernier expédie aussitôt un ensemble de quatre plans, approuvés par le grand vicaire Jérôme Demers.
C'était se méprendre sur les volontés bien arrêtées des paroissiens de Sainte-Luce: ceux-ci avaient su observer certaines particularités des églises régionales et entendaient bien que leur temple reproduise celles qu'ils avaient appréciées. Baillairgé s'est écarté du plan qu'il utilisait le plus fréquemment pour employer le plan récollet, dotant l'église d'une nef unique, prolongée par un chœur étroit terminé par une abside en hémicycle. Cependant, les paroissiens insistèrent pour que le chœur ait un chevet plat donnant « plus de commodité en dedans et présentant à l'extérieur moins de difficulté pour tous les murs. » Le chevet plat comportait de nets avantages du point de vue de la construction : il simplifiait l'apposition de la sacristie, de plan rectangulaire, dans le prolongement du chœur et, du même coup, permettait de couvrir d'une toiture à deux versants les trois parties de l'ensemble, soit la nef, le chœur et la sacristie. La modification du plan ne fut pas le seul changement que Baillairgé dut apporter à son projet initial. La façade pignon, qui reflétait les dispositions intérieures, présentait au premier niveau un portail dorique avec, de chaque côté, une niche pour loger des statues; le second registre était composé d'une fenêtre serlienne et d'oculi dans l'alignement des ouvertures du rez-de-chaussée; le pignon était également percé d'une fenêtre ronde. Ce projet ne fut réalisé que partiellement. C'est du moins ce que nous montre une vue ancienne de l'église avant la reconstruction de la façade.
C'est ainsi que fut construite l'église de Sainte-Luce entre 1838 et 1840 dans un style néo-renaissance appelé aussi style toscan, lombard, italianate, ou encore néo-baroque, style que les architectes de l'époque retrouvent lors de leurs voyages dans les régions d'Italie comme la Toscane ou la Lombardie. La maçonnerie et la charpenterie de l'église ont été réalisés sous la direction de Michel Parent et de Paul Lepage, tous deux de Rimouski.
Le décor intérieur, dont une grande partie est en bois sculpté peint en blanc ou doré, a été exécuté par André Paquet, entre 1845 et 1858, d'après les plans de Thomas Baillairgé. Le même sculpteur a également réalisé la chaire et le banc-d'œuvre qui font partie du décor architectural. La voûte, le retable et l'entablement s'inspirent de modèles provenant d'autres églises. Vu l'étroitesse du chœur, l'architecte dut cependant rétrécir les côtés, conférant ainsi une plus grande importance au retable décoré d'un tableau représentant sainte Luce priant pour la guérison de sa mère sur le tombeau de sainte Agathe, peint en 1842 par Antoine Plamondon. Il s'agit de la première composition religieuse originale de l'artiste, reconnu pour sa grande production de tableaux religieux copiés d'après des modèles européens.
En 1875, le clocher a été remplacé par une nouvelle structure.
En 1914, les architectes David Ouellet et Pierre Lévesque dessinent une nouvelle façade pour l'église de Sainte-Luce. Celle-ci est allongée d'une travée et dotée d'une tour centrale ouverte sur trois côtés. Elle supporte un clocher massif composé d'un tambour carré surmonté d'un lanternon couvert d'une toiture à bulbe polygonal. L'église se démarque, également, par ses vitraux réalisés par Henri Perdriau en 1917 et par la maison Perdriau et O'Shea en 1920.
L'église est classée « monument historique » depuis le 3 janvier 1957.
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L'orgue
L'orgue, de traction tubulaire-pneumatique, fut installé en 1922. Il constitue un instrument bien typique de son époque, tant dans sa composition sonore que dans l'architecture de son buffet. Si cet orgue a acquis une certaine notoriété, c'est en grande partie grâce à l'organiste français, Joseph Bonnet.
Organiste de l'église Saint-Eustache à Paris de 1906 à 1939, Bonnet a fait plusieurs tournées aux États-Unis et au Canada, au cours desquelles il s'est produit en concerts et a enseigné. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il est venu s'installer, avec sa famille, aux États-Unis et, à l'été 1944, il a séjourné à Sainte-Luce-sur-Mer. On sait qu'au cours de cette période, il a joué l'orgue de l'église paroissiale. C'est à cet endroit qu'il est décédé le 2 août 1944.
En 1978, la compagnie Orgues Marcel Bertrand a exécuté des travaux de réfection. Outre le nettoyage de l'instrument et l'égalisation de certains tuyaux, on a porté l'orgue au diapason A=440. Sur le plan de la structure sonore, cet instrument est demeuré inchangé.
Aujourd'hui, l'orgue mériterait un entretien régulier pour pouvoir retrouver de sa splendeur passée.
Source des textes :
Orgues au Québec
Date de l'inspection : 6 octobre 2011