L'orgue
La compagnie Casavant Frères installe, au coût de 3 200$, un premier orgue en 1895 d'après le devis préparé par Gustave Gagnon, organiste à la basilique Notre-Dame-de-Québec. C'est M. Napoléon Bourassa, architecte de réputation, qui dessine les plans du buffet qui s'harmonise parfaitement avec le style gothique de l'église. L'instrument comporte 25 jeux répartis sur 2 claviers et pédalier, fonctionnant par transmission mécanique. Cependant, avec les années, voyant qu'il n'était pas adapté aux vastes proportions du vaisseau, on procède, en 1922, à des travaux majeurs en modernisant l'instrument aux goûts du jour: électrification complète, ajout d'un 3è clavier (Positif expressif) et de 14 jeux neufs (le total étant porté à 39). L'harmonisation générale reflète bien les goûts de l'époque avec ses jeux de fonds large et feutrés et ses jeux d'anches (10) à forte influence anglo-saxonne.
À partir de 1978, la firme Guilbault-Thérien de St-Hyacinthe prend charge de l'entretien de l'orgue et Guy Thérien (1947-2001) effectue, au fil des ans, des modifications mineures au devis original en réharmonisant plusieurs jeux de fonds. Voyant la nécessité d'établir un meilleur équilibre entre les différents plans sonores, de vastes travaux de restauration (réharmonisation, recuirage, nettoyage) sont effectués au cours de l'année 1989. On augmente le nombre de jeux à 43 et le nombre de tuyaux passe à 3,188.
Cette restructuration sonore, en marche depuis près d'une vingtaine d'années, a permis de pallier à certaines contraintes physiques qui affectaient le rendement de cet instrument: enfoncement du buffet dans un espace restreint sous le clocher, 3 réservoirs au lieu de 4, alimentation de la Pédale à partir du réservoir du Grand-Orgue, à une pression de 4 ½ pouces (la pression moyenne étant de 4 ¾ pouces). De ces travaux de restauration jaillissent maintenant une clarté et une luminosité jadis absentes, la discrétion faisant place à l'affirmation. Parmi les 44 jeux actuels, il y a plusieurs sonorités nouvelles (jeux neufs et réharmonisés) dont 21 rangs de mutations composées et simples (fournitures, cymbales, nazard, tierce, larigot, cornets), et 10 jeux d'anches dont 7 dotées d'anches françaises de type Cavaillé-Coll.
Bref, le passage de l'esthétique romantique à néo-classique a été plus que bénéfique puisqu'il permet maintenant une exécution plus intéressante et plus vivante du vaste répertoire de l'orgue à tuyaux.
Afin de souligner le centenaire de l'orgue en 1995, d'autres améliorations sont venues compléter les rénovations exécutées en 1989. Dans le but premier de donner à la section de Pédale une meilleure présence, on ajoute l'emprunt de la Montre 16' du Grand-Orgue à la Pédale d'une part, et d'autre part, on réharmonise la Bombarde 16' avec des anches françaises de type Cavaillé-Coll. De plus, l'isolation de la soufflerie avec des coussins acoustiques est venue réduire considérablement les vibrations de plancher au jubé latéral et la résonance du moteur (60 cycles) dans l'église. Aussi, un travail complémentaire a consisté en une révision générale de l'harmonie (égalisation), question de conserver l'instrument en parfaite condition. En ce qui concerne la console Casavant (1922), bien qu'elle fut restaurée en 1980 et qu'elle soit encore en bonne condition, l'éventualité d'installer un combinateur électronique a été remise à plus tard.
Les circonstances étant des plus favorables, les grandes orgues de Saint-Patrice furent l'objet d'enregistrements au cours des dernières années par son titulaire, Claude Girard qui compte, parmi ses projets futurs, enregistrer en troisième album aux claviers de son instrument en mémoire de son père décédé en 2001.
En 2003, la firme Les Ateliers Guilbault, Bellavance, Carignan de Saint-Hyacinthe devient responsable de l'instrument et effectue un relevage des jeux d'anches du Grand-Orgue, du Positif et de la Pédale. Cela fait suite à l'exécution de plusieurs travaux de plâtrage et de peinture qui furent effectués à l'intérieur de l'église au cours des années 90. De plus, étant donné l'état précaire des claviers de la console, des travaux de restauration sont rendus nécessaires et ont consisté au démontage, au nettoyage et au réglage de la tension de toutes les notes.
M. Alain Guilbault, chef-harmoniste de l'entreprise, travaille en étroite collaboration avec M. Girard et voit périodiquement à préserver la qualité sonore de cet orgue habilement restauré par la firme Guilbaut-Thérien.
Source des textes :
Orgues au Québec